créée le samedi 30 novembre 2024, 9 h 57Paris, samedi 30 novembre 2024, neuf heures et demie du matin. Décidément, ce petit voyage parisien est assez fertile en incidents, la plupart légèrement fâcheux. Hier matin, M. Verwaerde, qui m’accompagnait à Radio-Courtoisie, m’a demandé de prendre avec moi mon portable, dont je ne me munis jamais lorsque je sors en ville ni où que ce soit, sauf pour les voyages en voiture, mais dont il avait besoin pour commander des taxis en corrélation avec mon compte bancaire. Le portable, qui donc n’était pas habitué à tant de liberté, a pris goût aux taxis parisiens et il est resté dans le premier. M. Verwaerde a pu joindre le chauffeur, qui a confirmé qu’il l’avait bien, et qui a dit qu’il allait le lui rapporter. Mais à l’heure dite, personne, ni le portable. La compagnie de taxis, prévenue, assure qu’elle ne peut rien faire avant vingt-quatre heures. Or tout cela tombait bien mal, car sur ces premiers problèmes s’en est greffé un autre, à savoir que le train de Pierre, qui devait me rejoindre hier soir (Pierre), a eu d’abord deux heures de retard, puis trois, puis quatre, puis je ne sais combien. Et Pierre, donc, ne pouvait me joindre ni me rejoindre, sinon par le truchement de M. Verwaerde, que je n’ai tout de même pas toujours sous la main ; de sorte que j’ai passé la nuit à l’attendre, et à peine fermé l’œil. Il est finalement arrivé à huit heures du matin, son train ayant quitté la gare d’Agen à trois heures.
Pour essayer de nous remettre de ces émotions, nous déjeunâmes presque aussitôt, bien copieusement, ici, en bas, éternelle occasion de préciser, s’ils peuvent l’être encore, certains points rebattus de ma conférence d’hier. Je donnais comme l’un des motifs de l’auto-destruction des Européens d’Europe l’abandon de toute forme de leur part, mais peut-être pourrait-on parler plus précisément de contrainte. Il est vrai que la différence n’est pas bien grande car la contrainte c’est la forme et la forme c’est la contrainte, en même temps que la forme c’est l’autre, de sorte que l’autre c’est la contrainte, ou la contrainte c’est l’autre. J’ai mille fois souligné que le moment décisif fut celui où le souci de la forme cessa d’être conçu comme une politesse, c’est-à-dire comme un souci de l’autre, et commença d’être envisagé uniquement comme une ostentation. En fait, c’est la commodité, le confort, l’insouci du paraître et du regard de l’autre qui l’ont emporté, en grande partie par imitation des Américains, et de leur fameuse et tant louée décontraction. Ici, dans cet hôtel presque luxueux, mais rien ne peut être luxueux, et élégant encore bien moins dans de pareilles conditions, tout le monde, au petit déjeuner, a l’air parfaitement pouilleux. Les hommes sont en t-shirt et casquette de base-ball, les femmes sont tatouées jusqu’au haut des bras, personne ne peut rien avaler sans le secours de ses coudes sur la table, et chacun met en fin de partie sa serviette froissée dans l’assiette ; sans compter que le personnel ne peut rien poser sans le laisser tomber, ni rien soulever sans le heurter. Et voilà pourquoi votre fille est muette.
voir l’entrée du samedi 30 novembre 2024 dans Le Jour ni l’Heure
Ce bouton permet de se déplacer rapidement dans le site de Renaud Camus. masquer les messages d’aide |
Ces boutons fléchés permettent de consulter les différentes entrées du journal de Renaud Camus. Les autres boutons vous proposent diverses options. Survolez-les avec la souris pour en savoir plus. masquer les messages d’aide |