NON. Journal 2013

créée le vendredi 28 juin 2013, 17 h 40
modifiée le vendredi 28 juin 2013, 17 h 41
Plieux, jeudi 27 juin 2013, minuit.
Un de ces curieux moments où le voile du faussel, ce double inversé du réel, paraît brièvement déchiré comme par un coup de couteau, en l’occurrence administré par ceux-là même qui le tiennent tendu au-dessus du monde, ce qui rend la déchirure un peu suspecte, comme si elle avait été soigneusement calculée : c’était au journal télévisé de huit heures, ce soir, sur France 2.

Il s’agissait de l’éternelle question de savoir si le niveau moyen des élèves, tout de même, n’avait pas malgré tout un peu baissé, depuis cinquante ans, comme le prétendent les déclinistes et comme le démentent absolument, Dieu merci, les statistiques et les gens raisonnables. Le reportage était composé de deux séquences principales.

Dans la première on voyait quatre adolescents comme on imagine à peine qu’il en subsiste, tous parfaitement blancs, tous Polo de Bagatelle ou arrière-saison au Touquet au dernier degré. L’un d’entre eux, dans sa jolie chemise Ralph Lauren ou Façonnable, paraissait très embarrassé de son professeur, à ses côtés, qui s’exprimait avec un affreux accent. Ces jeunes gens venaient de subir, à titre d’expérience, les épreuves du B.E.P.C. de 1967 (ce qui déjà est une erreur historique, car en 1967 les garçons et les filles de ce genre-là, qui étaient encore très nombreux, ne se présentaient pas au B.E.P.C., réservé aux jeunes gens des classes défavorisées (ou “moins” favorisés...)). Et dans l’ensemble ils ne s’en étaient pas mal tirés, même s’ils avaient eu tendance à trouver la dictée de l’époque terriblement longue et les sujets de réflexion proposés bigrement compliqués, presque inintelligibles. David Pujadas en concluait que oui, peut-être, il y avait bien eu une très légère réduction des compétences scolaires, d’ailleurs largement compensée par le prodigieux accroissement, et pour cause, des compétences électroniques (dont nous n’eûmes pas la démonstration).

Puis, deuxième séquence — et c’est là qu’on aurait pu croire au miracle —, l’invité, prié de commenter la première, était Jean-Paul Brighelli. Il commence par se moquer doucement, il y avait de quoi, du “panel” choisi pour le test du B.E.P.C. fictif, les quatre candidats sélectionnés étant à son avis trop peu représentatifs (en effet…) et, surtout, trop peu nombreux pour qu’on puisse tirer de leur exemple quelque enseignement que ce soit. Puis, s’appuyant, lui, sur des tests et sondages ayant porté, des années durant, sur des dizaines de milliers d’élèves, il déclare froidement que le niveau scolaire n’a pas « légèrement baissé » : il s’est complètement effondré.

Vous connaissant, on s’attendait bien, résume Pujadas en souriant, à ce que vous disiez quelque chose comme cela. En somme, l’éclair de vérité qui vient de se produire est réduit au statut d’excentricité folklorique. Brighelli fait du Brighelli, quoi de plus normal ? Il n’y a pas de quoi s’affoler.

voir l’entrée du jeudi 27 juin 2013 dans Le Jour ni l’Heure

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