Défense de Renaud Camus
Par Ivan Rioufol
 

Renaud Camus, encore. Le Monde, les Inrockuptibles, Bernard-Henri Lévy (Le Point), Philippe Sollers (Le Journal du Dimanche), entre autres, dénoncent une nouvelle fois les écrits de cet écrivain qui se dit «profondément attaché au caractère français de la France et européen de l'Europe». Camus, cinquante-six ans, est un ancien membre du parti socialiste ; il a appelé à voter contre Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Vivant en province, il se dit aujourd'hui écologiste. Il revendique, à travers ses livres, son homosexualité.

Renaud Camus a entrepris depuis longtemps d'analyser les actuels bouleversements de la société française, ébranlée selon lui par une «immigration de masse» et par une «pensée pétrifiée». Avouant regretter «la disparition de l'ancien monde», et se présentant comme «écrivain vieille France», il a une compréhension aiguë des nouveaux comportements. Mis à part Alain Finkielkraut, qui le défend souvent, le monde intellectuel parisien ne le supporte pas.

Cette fois, il est reproché à Camus d'avoir fait l'éloge d'une «conception raciale» de la nationalité et d'avoir accusé les «intellectuels, journalistes et hommes politiques juifs» d'avoir vidé de sa substance la nationalité française. Accusations graves effectivement. Or, si l'on se reporte au texte original, accessible sur son site internet et que peu de ses procureurs ont apparemment lu, il ne s'agit pas de cela.

Dans son style habituel, fait de va-et-vient et d'interrogations à haute voix, Camus écrit qu'il préfère parler de conception «ethnique, atavique, héréditaire» de la nationalité, ce qui reste son droit. Et il souligne la contradiction portée par certains intellectuels juifs qui, pour Israël, défendent justement cette nationalité liée aux origines mais qui, par ailleurs, plaident pour une conception plus ouverte. Dire cela n'est pas non plus un crime.

Camus n'est certes pas toujours habile dans son besoin impérieux et provoquant de vouloir « dire les choses ». Reste un auteur courageux qui se bat contre la pensée conforme et le terrorisme des médias. Pour cela, il mérite d'être soutenu.

Ivan Rioufol