France, français.  Français par Montaigne, par marivaux, par mallarmé (non sans réticences), très peu par Molière). Français par Manet, par La Marseillaise, par les larmes (Le Bord des larmes). Français par le vin, Français par le pain, par la salade à la fin des repas. Français par la Seine à Jumièges, par les futaies d'Ile-de-France, par la balustrade d'Estaing. Français par les Jardins de la Fontaine, par le château d'eau du Peyrou, par la vie comme à Bordeaux. Français par le ciel de Paris et par la lumière du Gers. Français par Paul-Jean Toulet, par Alexis de Castillon et par Valentin de Boulogne. Français par le mauvais caractère, par les après-midi tranquilles, par le canard Gédéon et par Adieu Philippine. Français par Jean racine, par Blaise Pascal, par Marcel Proust. Français par la mélancolie, par le goût des distances, par la futilité. Français par les comptoirs des Indes, par la mort de Montcalm, par Drouot près du four à pain de son père. Français par l'appel du 18 juin. Français par Henri Matisse. Français par Vercingétorix. Français par la statue d'Henri IV au Pont-Neuf. Français par le fromage, par la villa Médicis, par les jardins de Cordès. Français par Vézelay, par le foie gras de canard, par la sonate pour flûte, alto et harpe. Français par : « Vous autres Français vous oubliez toujours qu'entre la vanité et le ridicule il n'y a qu'un pas, dit Lloyd George. - Oui, le pas de Calais, répond Briand.»  Français par la Suisse romande, par la statue de Clemenceau au rond-point des Champs-Elysées, par les Monet des années vingt. Français par les Trois Mousquetaires, par Robert de Saint-Loup, par Jeannot Lapin et par sa cour à la rosée. Français par le mot mort, par le mot paysage, par tous les mots en age...

Cependant il lui arrive de se dire qu'il aurait entretenu de meilleurs rapports avec lui-même s'il avait été anglais. Immense admiration pour l'attitude britannique pendant la Seconde Guerre mondiale. Grande humiliation de l'attitude française (la défaite, la collaboration, les dénonciations (il croit d'ailleurs cette humiliation générale, nationale et fondamentale pour comprendre la France et les Français contemporains)). Préférence pour une histoire évolutive (sans Révolution, sans rupture avec le passé). Impossibilité d'accepter la Révolution en bloc. Indignation que des lycées s'appellent Robespierre. Horreur de la Terreur, des tribunaux de Salut public, des tricoteuses, des guerres de Vendée ; de la dictature du sens (la bathmologie est une école de libéralisme; le sens anti-bathmologique par excellence, c'est le sens qui commence à tuer (à force de croire bêtement en lui-même)). Trouve que la France serait un pays sémantiquement plus riche, plus prestigieux, plus complexe, moins soumis au seul sens, justement - et au sale bon sens -, mieux empreint de nuit des temps, si elle n'avait pas rompu avec son histoire millénaire, et jeté par dessus bord ses rites et ses mythes, au prix de secousses continuelles, depuis lors, digne d'une république bananière (la "VIe république, maintenant!). Soupçon que le droit, la démocratie, les libertés individuelles sont d'ailleurs beaucoup plus solidement ancrées dans la tradition anglo-saxonne (habeas corpus) que dans la tradition française, toujours prête à les renier par opportunisme, par lâcheté, par dogmatisme, par intérêt, par mécompréhension profonde du formalisme démocratique (cette sage méfiance à l'endroit du sens immédiat). Totale solidarité à l'égard de la politique étrangère de la France contemporaine (Yougoslavie, Rwanda, Afrique noire en général), qu'il juge dictée par la méconnaissance, la pure et simple ignorance, le défaut de jugement moral, la vénalité (hommes et partis achetés par les roitelets africains (avec l'argent français)), les intérêts commerciaux à court terme (on ne s'acquiert en fait que le mépris), par la lâcheté, la peur et la dévaluation de la parole. la France joue toujours les tyrans contre leur peuple (Chine, Afrique, Hassan II, Milosevic, Saddam Hussein. le tortionnaire Hafez Al-Assad reçu en grande pompe à Paris, etc. Castro à l'enterrement de Mitterrand (lui aimerait mieux mourir que d'avoir Castro à son enterrement)).