JOURNAL EN PUBLIC
Par Maurice Nadeau
(extrait)
 


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Renaud Camus et sa Campagne de France, encore une histoire d'édition? POL, son éditeur habituel, avisé et prudent, refuse le manuscrit en raison de déclarations qu'il n'approuve pas et qu'il avait déjà demandé à l'auteur de couper dans un manuscrit antérieur. L'auteur frappe à une autre porte, Fayard l'édite. Scandale : l'auteur écrit qu'il y a trop de Juifs à France Culture. Laure Adler invoque les lois antiracistes et porte plainte. Fayard retire l'ouvrage de la vente. Pétition des amis de Renaud Camus au nom de le "liberté d'expression". Suivie d'une pétition des anti-Camus.

Je ne dirai pas : beaucoup de bruit pour rien, parce que si je ne tiens pas Renaud Camus pour un antisémite - du moins pas plus antisémite que la majorité de nos populations campagnardes - je le connais pour son exhibitionnisme et son goût de la provocation. Ce qu'on lui reproche relève de cette bêtise dont ici même Louis Seguin taxait les "négationnistes". L'attaquer en justice parce qu'il est idiot n'est pas non plus très intelligent. Voici Renaud Camus, qui ne s'est jamais fait lire que pour le récit de ses galipettes, promu champion de le "liberté d'expression"! Histoire d'autant plus drôle qu'au départ, allez, soyer franc, personne n'avait lu La Campagne de France, ni ses éditeurs (ils disent aujourd'hui le contraire, mais alors...?) ni ceux qui ont pris immédiatement (bonjour Alain) sa défense.

Et La Quinzaine, dans tout cela ? Elle a pris le parti qui m'a paru convenir après que Norbert, en charge de l'ouvrage, me lit au téléphone des propos qui le hérissent : «Laisse tomber, il y aura assez de candidats à la polémique». Tenir La Campagne de France pour nul et non avenu, c'est notre façon de dire à nos lecteurs : ne gaspillez ni votre temps ni votre argent, voyez ailleurs, il paraît tant de livres beaux et intéressants, agréables à lire.

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Maurice Nadeau